Hervé Tekou Ngunté, le rêve d’une unité industrielle de production d’engrais biologiques
Montessori Bony 16 novembre 2023 0Hervé Tekou Ngunte, un jeune ingénieur agronome de 32 ans, a créé Aeres, une entreprise de production d’engrais biologiques à base de déchets organiques. L’entreprise est située à Douala, la capitale économique du Cameroun, au quartier Nkolbong dans le 3e arrondissement.
Aeres produit quatre types d’engrais biologiques, conditionnés en un et cinq litres. Ils coûtent respectivement 3000f et 5000f. Lesdits engrais sont fabriqués à partir de déchets de poissons, de jacinthe d’eau, de déchets alimentaires et d’autres déchets organiques et l’ingénieur estime sa production mensuelle à un mètre cube, pour un coût d’un million FCFA.
Les engrais d’Aeres sont moins chers que les engrais chimiques de même gamme (entre 10 000 et 15 000fcfa). Ils sont également plus respectueux de l’environnement.
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Tekou Ngunte a commencé à développer son projet en 2018. L’idée de créer sa propre structure lui est venu, alors que le jeunhomme « travaillait dans une unité de production biogaz, où on produisait le digesta, un engrais liquide utilisé pour fertiliser les champs agricoles dégradés par les engrais chimiques de synthèse », confie ce dernier à Investir au Cameroun.
Après de bon résultats, « je me suis dit que je pouvais me lancer dans la production des engrais à base des déchets organique», poursuit-il.
En 2019, Tekou Ngunte a créé une équipe de quatre personnes et a lancé un service de pré-collecte de déchets dans l’arrondissement de Douala 5e. Cependant, le projet a été interrompu par la pandémie de Covid-19 en 2020.
En 2023, Tekou Ngunte et son équipe ont repris leur projet. Ils ont commencé à produire des engrais biologiques à partir des déchets organiques qu’ils collectent.
L’entreprise a reçu un financement de la Délégation générale du Québec à Dakar. Tekou Ngunte a remporté le premier prix du concours entrepreneurial Québec-Cameroun, en marge du 3e Forum international sur l’entrepreneuriat (FIE), les 1er et 2 novembre 2023 à Douala.
Ce prix lui a permis de gagner un voyage au Québec, un accompagnement dans un incubateur et un financement de 1 million de FCFA.
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Les défis financiers
Abondance de matières premières, mais pas de moyens suffisants pour transformer. Selon les confidences de Tekou Ngunté, le Port autonome de Douala lui a promis une décharge journalière de trois camions de jacynthe d’eau.
La Société de développement et d’exploitation des productions animales (Sodepa) séduit par le projet s’est proposé de leur fournir des excréments des bœufs décarcassés à l’abattoir de Bonaberi pour en faire du compost.
Seulement, la jeune entreprise a manqué de moyen pour y répondre favorablement. Elle a besoin d’agrandir ses locaux pour augmenter sa production. Actuellement, il ne dispose que de 150 mètres carré d’espace.
Elle a également besoin d’homologuer ses engrais auprès du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) et de les certifier auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi). Des besoins estimés à environ 80 millions FCFA pour passer de la phase artisanale à la phase semi-industrielle.
D’ici 2026, l’entrepreneur espère pouvoir atteindre 300 millions FCFA.
Ses engrais biologiques ont été testé et approuvé par les étudiants de l’Ecole des sciences halieutiques de Nkongsamba, une école de l’université de Douala, basée dans le département du Moungo, région du Littoral et le département de physicochimie du Laboratoire national vétérinaire (Lanavet).
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La phase d’expérimentation a été faites dans des champs de maïs, gingembre, concombre à Njombe, un bassin agricole du Littoral et à Campo dans le département de l’Océan région du Sud.
Pour l’instant, Aeres commercialise ses engrais auprès des agriculteurs qui l’ont testés et sont satisfaits.
Tekou Ngunte est confiant dans l’avenir de son entreprise. Il est convaincu que ses produits peuvent répondre à la demande croissante d’engrais biologiques au Cameroun.