Dans un article d’Investir au Cameroun, l’on apprend des déboires de l’entreprise en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun. Des dettes cumulées de 107, 7 milliards Fcfa non payées à Globeleq Cameroun ont poussé cette dernière à remettre en arrêt les deux centrales électriques majeures du réseau interconnecté sud.

Par Investir au Cameroun-Depuis le 1er décembre 2023, le Cameroun (à l’exception des trois régions septentrionales et de la région de l’Est) vit au rythme des délestages, dont la durée dépasse les six heures par rotation.

Selon Eneo, le distributeur exclusif de l’électricité dans le pays, cette situation est la conséquence « de la mise à l’arrêt complet de deux ouvrages majeurs dans le système électrique du pays ». Il s’agit des centrales à gaz de Kribi (KPDC, 216 MW) et à fuel lourd de Dibamba (DPDC, 88 MW).

Contrôlées par le producteur indépendant d’électricité Globeleq (56% contre 44% pour l’État du Cameroun), ces infrastructures de production représentent près de 20% des capacités installées du pays, chiffrées actuellement à 1562 MW.

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Pour justifier cette décision, Frédéric Mvondo, le directeur général de Globeleq Cameroun, évoque, dans des courriers envoyés notamment au ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee), le « risque opérationnel » lié à la poursuite de la production « sans capacité d’assurer sereinement » le programme de maintenance des centrales.

Et ce dernier ne cache pas que cette situation est due aux arriérés de paiement accumulés par son client Eneo. À fin novembre 2023, Globeleq chiffre les impayés d’Eneo à 107,7 milliards de FCFA, soit 88 milliards dus à KPDC et 19,7 milliards à DPDC.

Pendant la première semaine de novembre 2023, Globeleq avait déjà mis ses ouvrages de production à l’arrêt pour les mêmes raisons. À la suite du règlement de la facture du mois d’octobre (8,2 milliards de FCFA) et de la promesse de mettre en place « des solutions d’urgence de nature à réduire de façon significative les arriérés de paiement accumulés par Eneo », le producteur indépendant d’électricité avait relancé ses groupes.

L’une des « solutions d’urgence » évoquées par Globeleq, apprend-on, consiste en « la structuration d’une opération de monétisation » d’une partie de la dette de l’État vis-à-vis d’Eneo, afin de permettre à la filiale du fonds d’investissement britannique Actis de régler à son tour une partie de son ardoise.

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Divergences entre Eneo et l’État

Selon les informations d’Investir au Cameroun, il est question de mobiliser précisément 40 milliards de FCFA. Mais, chez Gobleleq, on affirme qu’« aucun élément concret sur le montant et le calendrier de l’opération de monétisation n’est arrêté ».

Une incertitude qui a aussi pesé dans la prise de la décision d’arrêt des centrales. Aujourd’hui, le producteur indépendant d’électricité conditionne la remise en service des ouvrages par la finalisation de cette opération et le paiement par Eneo de sa facture mensuelle de 8,2 milliards de FCFA, pour le compte du mois de novembre 2023.

Pour boucler l’opération de monétisation, l’État et Eneo doivent notamment s’entendre sur son financement. La filiale d’Actis, qui supportait jusqu’ici ces charges, représentant entre 7 et 8% de la somme à mobiliser, refuse désormais de le faire.

« Vous trouvez normal que nous payions des pénalités lorsque nous accumulons des arriérés vis-à-vis des producteurs indépendants d’électricité, et que lorsque l’État doit mobiliser ce qu’il nous doit, ce soit encore nous qui financions cette opération? », s’interroge un membre du top management d’Eneo. Et d’ajouter : « nous avons décidé de ne plus supporter cette charge, même partiellement ! »

Bien que logique et légitime, l’électricien pourra-t-il tenir cette position indéfiniment ? Il faut dire qu’en raison des contrats signés avec KPDC et DPDC, malgré l’arrêt des centrales, Eneo est tenu de continuer de payer le tarif à concurrence de la capacité réputée disponible des ouvrages au moment de la suspension.

En d’autres termes, Globeleq va continuer d’émettre des factures, même si ses groupes sont à l’arrêt, augmentant davantage les arriérés d’Eneo envers le producteur indépendant d’électricité.

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