mercredi, octobre 8

 

 Avec  ce montant, Le gouvernement camerounais  veut multiplier par six les capacités de transformation de la CICAM d’ici 2030. l’annonce est contenue dans le rapport 2025 de la Banque africaine de developpement. 

Le Cameroun prépare un plan de relance ambitieux pour la Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM), entreprise publique jadis fleuron du textile en Afrique centrale, aujourd’hui à l’agonie. Selon le rapport-pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD), l’État envisage de mobiliser 70,25 milliards FCFA pour sextupler d’ici 2030 la capacité de transformation de coton local par la CICAM.

Cet investissement  s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30), qui ambitionne d’augmenter la production de coton à 600 000 tonnes/an et de transformer localement 50% de cette production. L’objectif  est de renforcer l’industrialisation nationale, créer des emplois, réduire les importations de textiles et stimuler la consommation du « Made in Cameroon ».

Mais malgré l’annonce du montant, le rapport de la BAD reste flou sur les mécanismes de financement. En parallèle, les actions récentes du gouvernement laissent entrevoir une possible ouverture au secteur privé, avec un partenaire en particulier : Arise Integrated Industrial Platforms (Arise IIP), un groupe industriel indien déjà actif dans plusieurs projets industriels sur le continent.

Le 6 mai 2025, le ministre de l’Industrie Fuh Calistus Gentry a réuni le comité de restructuration de la CICAM avec la direction générale de l’entreprise, la Société nationale d’investissement (SNI), et Arise IIP. Au cours de cette rencontre, la CICAM a présenté un plan d’affaires 2025–2029, comprenant un programme d’actions à court terme, centré sur la modernisation des équipements et le redémarrage de la production.

Le compte rendu de cette réunion identifie Arise IIP comme partenaire technique et financier prioritaire, bien que les modalités précises de sa participation ne soient pas encore arrêtées. Ce n’est pas la première fois que le nom du groupe indien est évoqué dans ce dossier. En février 2025 déjà, des sources faisaient état d’un possible entrée d’Arise dans le capital ou dans la gestion opérationnelle de la CICAM.

Cette collaboration s’inscrirait dans un partenariat stratégique signé en octobre 2024 entre Arise IIP, Afreximbank et Rieter AG (Suisse) pour transformer 500 000 tonnes de coton africain sur cinq ans, créer 500 000 emplois directs et booster les exportations textiles africaines, notamment via le dispositif américain AGOA.

Cependant, les défis à surmonter sont immenses. Le rapport 2022 sur les entreprises publiques est accablant :     Capitaux propres négatifs : de moins de 16,3 milliards FCFA ; Capital social : 1,5 milliard FCFA ; Résultat net déficitaire : –3,2 milliards FCFA ; Dette totale : 31 milliards FCFA.

Par consequant,  la production est à l’arrêt, les machines vétustes, les infrastructures délabrées. Pour la Journée internationale de la femme 2024, la CICAM a dû importer d’Inde près de deux millions de mètres de pagne, faute de capacité de production locale.

La crise financière s’accompagne d’une crise sociale. Le 1er avril 2024, les employés ont organisé une manifestation devant le siège de l’entreprise à Douala, exigeant le paiement de 13 mois d’arriérés de salaires, soit 1,82 milliard FCFA. Une pression supplémentaire pour une entreprise déjà au bord de l’effondrement.

Malgré les chiffres alarmants, les autorités restent convaincues du potentiel stratégique de la CICAM. Selon la SND30, cette relance devrait :  fournir les tenues des forces de défense et de sécurité avec au moins 60% de coton local, produire 50% des tenues de sport (maillots, survêtements, etc.) destinées au marché national, créer de l’emploi et développer les compétences locales dans le textile.

Mais le chemin reste parsemé d’embûches. Entre restructuration, endettement, modernisation, pression sociale et incertitudes sur les financements, la CICAM est à la croisée des chemins.  Reste à savoir si les discussions en cours avec les partenaire techniques et financiers aboutiront à des actions concrètes capables d’aboutir à un redemarrage industriel de la CICAM.

Share.
Leave A Reply