L’entreprise canadienne Magil réclame environ 16 milliards de francs CFA au gouvernement camerounais au sujet de la construction du complexe sportif d’Olembé, à l’arrêt depuis deux ans.
Le projet phare devenu cauchemar : le complexe sportif d’Olembé, autrefois symbole des ambitions sportives du Cameroun, est aujourd’hui au cœur d’un bras de fer judiciaire entre le gouvernement camerounais et l’entreprise canadienne Magil Construction. En jeu, une somme colossale d’environ 16 milliards de francs CFA, que l’entreprise réclame au titre de factures impayées.
Un chantier à l’arrêt, une facture salée
À l’arrêt depuis deux ans, le chantier du complexe omnisports d’Olembé, situé à Yaoundé, suscite de nombreuses interrogations. Magil, qui a repris les travaux après le départ tumultueux de l’Italien Piccini, pointe du doigt le Ministère camerounais des Sports, qu’elle accuse d’être à l’origine du blocage des paiements en ne libérant pas les fonds nécessaires à l’achèvement des travaux.
La société canadienne affirme avoir respecté ses engagements et se base sur une décision rendue en 2023 par la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Paris, laquelle a ordonné la mise sous séquestre des 16 milliards de FCFA litigieux, dans l’attente du règlement du différend.
Le Cameroun contre-attaque
Mais Yaoundé ne compte pas céder sans riposter. Les autorités camerounaises rejettent les accusations de Magil, qu’elles accusent au contraire d’avoir dépassé les enveloppes budgétaires prévues pour la première phase des travaux. Selon les chiffres avancés, Magil aurait perçu 42 milliards de FCFA, bien au-delà des 22 milliards initialement prévus.
Le gouvernement envisage désormais une contre-offensive judiciaire pour « manquements contractuels » et n’écarte pas de poursuivre l’entreprise devant les juridictions compétentes, tant nationales qu’internationales.
Une saga aux enjeux multiples
Derrière ce conflit se joue bien plus qu’une bataille de chiffres : l’image du Cameroun sur la scène internationale, la transparence dans la gestion des grands projets publics, et surtout, l’achèvement d’une infrastructure majeure censée booster le sport camerounais.
Alors que le stade d’Olembé, inauguré partiellement à l’occasion de la CAN 2022, reste inachevé, le feuilleton judiciaire entre Magil et le Cameroun pourrait encore durer plusieurs années, avec des conséquences financières et diplomatiques lourdes.