Malgré des investissements de plus de 117 milliards de FCFA en 2023, le Cameroun peine à améliorer sa connectivité numérique, se classant 33e en Afrique selon l’UIT.
Le Cameroun, malgré des efforts considérables pour développer son infrastructure numérique, continue de faire face à des défis majeurs en matière de connectivité. Selon le rapport 2023 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le pays se classe 33e en Afrique avec un score de 36,8 sur 100, bien en dessous de la moyenne continentale de 47,4. En 2023, Cameroon Telecommunications (Camtel) a investi environ 117 milliards de FCFA pour étendre son réseau de fibre optique, atteignant ainsi 12 000 km de câbles déployés. Des projets sont en cours pour ajouter 4 000 km supplémentaires, notamment grâce à des partenariats avec des entreprises comme CAMWATER et CAMRAIL.
Malgré ces efforts, la qualité du service reste insuffisante, avec des interruptions fréquentes dues au vandalisme, aux aléas énergétiques et aux travaux publics. Le coût élevé de l’internet constitue également un obstacle majeur. Selon le cabinet britannique Cable Co, le Cameroun se classe 36e en Afrique en termes de coût moyen du gigaoctet d’internet haut débit, avec un prix moyen de 1,63 dollar, soit 3 à 4 fois plus élevé qu’au Rwanda ou au Ghana. Cette situation freine la compétitivité des entreprises locales et limite l’accès à internet pour une grande partie de la population. La sous-utilisation des capacités existantes aggrave le problème. Malgré la connexion à plusieurs câbles sous-marins à fibre optique, tels que SAT3 et WACS, seulement 15 % et 30 % de leurs capacités respectives sont exploitées depuis leur lancement il y a 17 ans.
En conséquence, environ 14 millions de Camerounais, soit plus de la moitié de la population, vivent dans des zones sans accès à la fibre optique. Pour améliorer cette situation, il est essentiel de renforcer la résilience des infrastructures, de réduire les coûts d’accès à internet et d’accélérer le déploiement de la fibre optique, en particulier dans les zones rurales. Des initiatives telles que l’intégration des réseaux d’ENEO et de CAMWATER, ainsi que l’utilisation du réseau ferroviaire de CAMRAIL, pourraient contribuer à atteindre ces objectifs. Le Cameroun dispose du potentiel nécessaire pour devenir un hub numérique en Afrique centrale. Cependant, cela nécessitera une volonté politique forte, des investissements soutenus et une gestion efficace des ressources existantes pour surmonter les défis actuels et offrir à ses citoyens une connectivité de qualité.