Depuis le 1er janvier 2025, le gouvernement a validé un abattement de 100% de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les farines produites localement afin de booster la production nationale et freiner les importations de blé, l’un des principaux produits d’importation du pays. Les producteurs locaux projettent une réduction des prix de vente équivalant à la taxe exonérée.
De 19,25% à 0%. Le gouvernement camerounais a procédé à un abattement complet de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les farines produites localement. Initiée en 2024 pour les farines de bananes plantain et pommes de terre, la mesure fiscale a subi une extension et touche désormais les farines de maïs, son de maïs, patate et manioc. Cette mesure contenue dans la loi de Finances 2025 est entrée en vigueur depuis le 1er janvier dernier et participe selon la Direction générale des impôts à la « promotion de l’import-substitution ».
Pour les producteurs de ce type de farine, la suppression de la TVA sur les farines locales est perçue comme une opportunité de monter un peu moins les prix, voire de les baisser de 20%. Elvis Nanga, minotier spécialisé dans la transformation de tubercules de patates en farine depuis son usine d’Edéa, dans la région du Littoral, indique que « cet abattement est une aubaine pour les petits producteurs surtout car il permettra de vendre facilement, à des prix abordables pour le camerounais lambda mais aussi d’augmenter les quantités produites ».
Propriétaire d’un champ de 20 hectares sur lesquels il récolte environ 10 000kg de patates par saison, Elvis Nanga emploie une quinzaine d’agriculteurs et usiniers à temps plein. Comme ses homologues, il compose avec une augmentation des coûts de production (matières premières, matériaux, salaires), ce qui se fait ressentir sur les prix qu’il pratique. « Les boulangeries et autres particuliers que nous fournissons nous font des réflexions et trouvent que le prix de vente est un peu trop cher. Evidemment car on répercute les 19,25% de TVA et plus encore, sur les prix des sacs pour amortir les coûts de production. Si la taxe disparaît, ce serait une opportunité de baisser d’au moins 20% le prix et de garder nos clients qui ont tendance à se tourner vers des alternatives moins chères comme le blé ».
Optimiser la production et la transformation industrielle
Si l’exonération de la TVA sur les farines locales priverait l’Etat du Cameroun d’une assiette estimée à une dizaine de milliards de Fcfa, celle-ci vise à doper la production et la consommation des farines locales et freiner les importations de blé et farine de blé. Cette dernière céréale fait partie des produits alimentaires les plus importées par le pays et représente près de 4% de l’enveloppe globale des dépenses d’importations chaque année. Selon l’Institut national de la statistique, le pays a dépensé 178,3 milliards de Fcfa (3,6%) pour acheter du blé en 2023 après 260,7 milliards de Fcfa en 2022, ce qui contribue à aggraver le déficit de la balance commerciale du pays.
Sur le plan de la production, le pays a produit 12 800 tonnes de farines locales en 2024 grâce à la mise en place du Programme intégré Piisah 2024-2026. Bien qu’en amélioration par rapport aux années précédentes, le pays est loin de l’objectif de 5 millions de tonnes de farines locales de qualité à l’horizon 2030. Cependant, le gouvernement met en œuvre des politiques pour renforcer la production ainsi que les capacités de transformation industrielle à travers la construction 150 unités de transformation de manioc en farine et trois unités de transformation du plantain en farine dans les localités de Mvamgan dans le Sud, de Dimako à l’Est et Bangem dans le Nord-Ouest.
A noter que, la mesure sur l’exonération de la TVA accompagne la nouvelle imposition sur l’incorporation de 15% des farines locales dans les produits de boulangerie en lien avec le plan de relance des filières agropastorales. Le texte règlementaire y référent étant en élaboration cette imposition devrait également entrer en vigueur en 2025.