« Il y’a une question qui me taraude l’esprit, celle de savoir si les Bamouns sont des bamilékés ? » – .
REPONSE DE SOCIETE BAMILEKE – ?
Avant la colonisation, il y’avait un groupe de chefferies aux cultures, langues et institutions politiques, religieuses et sociales similaires occupant les actuelles régions de l’Ouest, du Nord-Ouest et une partie du Sud-ouest (Lebialem).
Ces chefferies qui existent encore toutes aujourd’hui n’étaient pas organisées suivant un modèle qui les séparait en sous-groupes radicalement distincts du reste des chefferies excepté peut-être sous la base des critères comme la proximité géographique et donc une plus grande similarité de leurs langues du fait de cette proximité – étant entendu que l’ensemble des langues de tout cet espace était déjà similaire.
Ces chefferies constituaient un « peuple » qui avait bien conscience de son identité culturelle, histoire commune et appartenance à une grande communauté distincte des communautés hors de cet espace.
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Les plus grandes de ces chefferies comme la Chefferie Bamoun, la chefferie Bandjoun, la chefferie Banso, et plus tard la chefferie Bali-Nyonga, travaillaient même à s’imposer comme la Chefferie suprême de tout cet ensemble ou tout au moins une grande partie de celui-ci.
C’est ainsi par exemple que les conquêtes réussies et échoués des Bamoun dans cet espace sont bien connues et que Bandjoun aimait déclarer a qui veut l’entendre qu’il est un « royaume sans frontières » signifiant ainsi qu’il se voyait bien régner sur toutes les chefferies de cet espace et avait en fait déjà annexé des chefferies alentour.
C’est aussi ainsi qu’avec l’arrivé des Allemands et sous leur couvert, le Fo’o de Bali Nyonga se fit couronner comme « Chef Suprème » (Paramount Chief) de l’ensemble du Grassfields et entendait ainsi imposer son autorité sur tout cet ensemble après une tentative manquée dans le même sens quelques décennies avant l’arrivée des Allemands.
Aujourd’hui le mot le plus consacré pour designer ce peuple aux us et coutumes identiques c’est « Grassfields » – mot, qui comme le mot Bamiléké, est né avec la colonisation. C’est ce mot Grassfields qui fait que les Beti par exemple appellent les Bamiléké dans leur langue « Graalfis » et que les anglophones du sud-ouest appellent aussi les anglophones du Nord-Ouest « Graffi ».
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Le « peuple Grassfields » a donc avec la colonisation été divisé en quatre groupes ou « pays » comme les appelaient les colons : « le pays Bamiléké » ; « le pays Bamenda », « le pays Bamoun » ; et (on l’oublie souvent) « le pays Bangwa » (Lebialem).
En conclusion, on ne peut pas vraiment dire que les Bamoun (tout comme les « Bamenda » et les « Bangwa Lebialem») sont Bamiléké. On peut dire cependant que tous ces 4 groupes sont Grassfields ou tout autre nom unificateur qu’on peut trouver pour eux car ayant de même ascendant.
Bamiléké est le qualificatif d’une partie seulement de l’ensemble donner par le colon et non le qualificatif de tout l’ensemble.
Source : Societe Bamileke.