Le directeur général du Port autonome de Kribi décline la feuille de route de ce hub logistique qui surfe entre opportunités économiques et extension de l’espace portuaire.
Après la mise en œuvre en exploitation de la phase II du port en eau profond de Kribi (PAK) le 9 mai dernier. A quoi faut-il s’attendre ?
Désormais la partie Onshore du Port de Kribi est constitué : d’un terminal polyvalent (KMT) de 615 mètres linéaires de quai doté de 23 hectares de terre-plein et d’un terminal à conteneurs (KCT) de 715 mètres linéaires de quai, doté de 41 hectares de terreplein. Dès lors nous passons de 2 postes à quai en phase 1 à 4 postes à quai disponibles pour des navires de référence de 200 000 tonnes de port en lourd (TPL). 7 portiques STS, 1 grue mobile MHC, 25 portiques RTG et 48 tracteurs portuaires permettent dès lors l’exploitation du terminal à conteneurs, ce qui va fortement contribuer à l’amélioration des services logistiques du Port de Kribi.
Cette capacité du PAK acquis, d’ailleurs qui a triplé, cela suffit-il à améliorer les performances de ce hub logistique et son chiffre d’affaires ?
Dès la fin de cette année, nous espérons bénéficier d’une augmentation de 30% de nos recettes liées à nos redevances marchandises, 20% de nos recettes liées à nos redevances navires et 15% de nos autres sources de recettes. Le secteur portuaire se doit d’être toujours compétitif. S’agissant du port de Kribi, le trafic en tonnes en provenance ou à destination du Tchad et de la RCA a progressé de 34% entre 2023 et 2024 ; et nous constatons une tendance similaire le 1er semestre 2025. Nous allons donc poursuivre les efforts déjà consentis afin d’accueillir au mieux ces différents trafics, tout en espérant la finalisation prochaine des projets de développement des infrastructures de desserte du port de Kribi qui permettront d’améliorer le lead time (délais de route) vers l’hinterland.
Tel qu’annoncé en avril 2024, l’intention du PAK était de lever 1 312 milliards de Fcfa sur le marché financier régional. Qu’en est-il exactement ?
En effet, le PAK a besoin de ressources financières importantes pour développer le port de Kribi. Dans le court terme, les priorités à cet égard porteront, entre autres, sur le développement d’une zone industrielle intégrée sur une superficie de plus de 2 000 hectares, tandis que dans le moyen terme, il s’agirait, entre autres, de réaliser les travaux d’extension du terminal à conteneurs et de construction de terminaux spécialisés (terminaux minéralier et hydrocarbures).
Le PAK entend ainsi explorer toutes les pistes et solutions possibles pour satisfaire le besoin en ressources financières, y compris le recours aux marchés de capitaux, mais également aux partenaires privés sous la forme de PPP ou des bailleurs de fonds.
L’idée générale est de bénéficier d’un 3ème poste à quai pouvant accueillir un navire megamax supplémentaire, dans un contexte où la course à la rentabilité se traduit par un gigantisme croissant des navires. Pour ce faire, en ce qui concerne le projet de développement d’une zone industrielle intégrée, la piste privilégiée a été celle des PPP avec des acteurs disposant d’une expérience avérée dans le développement de projets analogues. Étant entendu que les fonds seraient mobilisés à la fois à travers les partenaires privés, mais également les bailleurs de fonds, notamment pour ce qui est de la contribution attendue de la partie publique.
Des démarches ont été entamées à cet égard, avec le concours de l’Etat du Cameroun, afin de mobiliser les ressources nécessaires auprès des bailleurs de fonds identifiés, notamment la BAD.
Une première séance de travail ad hoc s’est ainsi tenue en mai 2025 au cours de laquelle des représentants de ladite institution ont pu se rendre sur le site qui abritera le projet et rencontrer les différentes parties prenantes dans le cadre de la procédure usuelle de due diligence.
S’agissant des projets de construction des terminaux spécialisés, l’approche privilégiée a également été celle des PPP. Les diligences ont été engagées par les partenaires privés en vue de la mobilisation des financements nécessaires pour la réalisation desdits projets.
Encore deux phases avant l’achèvement du PAK. Quelle est la prochaine étape ?
La démarche adoptée pour la réalisation du projet d’extension du terminal à conteneurs connu sous l’appellation « Phase 3 » se veut anticipative, de manière analogue à celle qui avait été adoptée s’agissant du projet Phase 2. En effet, il est important de rappeler que la convention de financement pour la réalisation du projet Phase 2 a été signée en 2017, soit avant même la mise en exploitation de la Phase 1 en 2018. Cette démarche s’appuyait sur les résultats des études de faisabilité qui avaient été réalisées, et dont les prévisions portaient sur une saturation des terminaux construits en Phase 1 sur un horizon de 4 ans après leur mise en exploitation, ce qui s’est avéré être le cas.
sources: ecomatin