Dans une sortie inédite, le maire de la ville dit avoir expliqué au Premier ministre que l’assainissement de la capitale nécessite la mobilisation d’au moins 16 milliards de Fcfa chaque année.

Réputé taiseux, le maire de la ville de Yaoundé, Luc Messi Atangana, est sorti de sa réserve hier, 20 mars pour s’exprimer publiquement sur l’interminable crise des ordures qui frappe la capitale politique du Cameroun et qui a atteint un seuil critique depuis le début de l’année 2025. Sur son compte Facebook, l’édile écrit sans détour avoir, lors de la réunion du 25 février convoquée par le Premier ministre, à laquelle ont pris part pour maires des 7 communes d’arrondissement de la capitale en plus des ministres des Finances et de l’Habitat et du Développement urbain, expliqué que la situation actuelle est due à deux principales raisons : le non-renouvellement du contrat de la société Hysacam expiré depuis le 31 décembre 2023 et le sous-financement des activités de collecte et d’enlèvement des déchets. « La faute aux tracasseries des procédures de recrutement des opérateurs gérées par d’autres structures », assène Luc Messi Atangana.

En effet, si Hysacam, le partenaire historique de l’Etat et des collectivités territoriales décentralisées dans le ramassage des ordures ménagères a finalement signé son contrat « il y a quelques jours », plus précisément au mois de février dernier selon nos informations, notamment sur les lots 1, 2 et 3 qui couvrent les arrondissements de Yaoundé 1er, Yaoundé 2e, Yaoundé 4e, Yaoundé 5e et Yaoundé 7e, l’appel d’offres lancé en fin d’année dernière par le maire de la ville en vue de la contractualisation du lot 4 qui couvre les arrondissements Yaoundé 3 et Yaoundé 6e et qui constitue l’épicentre de cette crise des ordures, a été déclaré infructueux. Et, pour des raisons inconnues, la procédure tarde à être relancée. La communauté urbaine de Yaoundé et le Minmap se renvoient la faute. La première entité est soupçonnée d’avoir torpillé la procédure de recrutement de l’entreprise attributaire du lot 4 à problèmes, dans le but de parvenir à un marché de gré à gré au profit de l’opérateur Tychlof Sarl, une société recrutée au pied levé il y a environ trois ans dans le cadre du premier Plan d’urgence d’hygiène et de salubrité mis en place pour assainir Yaoundé, qui s’est soldé par un échec cuisant.

La question des volumes

Le ministère des Marchés publics s’est ouvertement opposé à un tel choix qui, d’après lui, ferait entorse à la loi. Cette administration serait soutenue dans son opposition par la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, qui a clairement fait un constat de défaillance de l’opérateur Tychlof. « Ce prestataire ne dispose pas de ressources matérielles et techniques pour pouvoir donner les résultats attendus », avait asséné la ministre le 18 juillet 2024. L’autre blocage qu’omet de mentionner le maire de la ville dans sa sortie de jeudi, c’est que bien qu’ayant signé son nouveau contrat, Hysacam n’a toujours pas reçu l’ordre de service de la communauté urbaine de Yaoundé pour lancer l’exécution dudit contrat. L’opérateur dit ne rien comprendre à « cette nouvelle manœuvre d’obstruction » qui le confine au « service minimum en tant qu’entreprise citoyenne ».

Du reste, sur la deuxième cause majeure de l’insalubrité dans la capitale, à savoir le déficit des financements, le maire de la ville fait siennes les conclusions de la Banque mondiale, selon lesquelles il faut mobiliser au moins 16 milliards de Fcfa par an pour que Yaoundé soit propre. « Or, ce que l’Etat, qui paie la facture à hauteur de 85% et la communauté urbaine, qui supporte les 15% restants, mettent ensemble atteint à peine la moitié des besoins ». Précision de taille : le nouveau contrat de la société Hysacam représente un marché de 45 milliards de Fcfa et il s’étale sur 5 ans. Calculette en main, cela représente 9 milliards de Fcfa par an, soit presque la moitié des besoins annuels.  Luc Magloire Mbarga Atangana poursuit en expliquant que « les cahiers de charges des opérateurs sont définis en fonction des ressources disponibles. Conséquence : alors que Yaoundé produit environ 3000 tonnes d’ordures par jour, le contrat prévoit l’enlèvement d’environ 1600 tonnes ». En clair, la question des volumes devra être prise en compte dans le nouveau plan d’urgence dont le Premier ministre a instruit la mise en place sous huitaine depuis le 25 février dernier, et qui n’est toujours pas sur sa table.

Share.
Leave A Reply

All237

GRATUIT
VOIR