Au premier semestre 2024, le Cameroun a importé 105 400 tonnes de sucre en raison de 42,8 milliards de Fcfa. En glissement annuel, ce chiffre est en hausse de 31 300 tonnes en volume et de 24,4 milliards de Fcfa en valeur numéraire, d’après le récent rapport du ministère des Finances sur la situation et les perspectives économiques, sociales, et financières de la nation. Ainsi, malgré l’annonce d’une autosuffisance des stocks, le gouvernement camerounais a manqué son objectif « zéro importation de sucre en 2024 ».
Pourtant, six mois plus tôt, en décembre 2023, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, avait annoncé que le pays détenait environ 142 000 tonnes de sucres en stocks disponibles et suffisant pour satisfaire la demande locale (estimée à 225 000 tonnes) au cours de l’année 2024, sans toutefois faire recours aux importations. Ce stock venait d’une part des quantités non écoulées des importations en 2023 (55 000 tonnes de sucre), et d’autre part de la production locale qui a cru de 40,97% pour se situer à 86 500 tonnes contre 45 000 tonnes en 2022.
Par ailleurs, la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) avait à son tour annoncé une production prévisionnelle de plus de 100 000 tonnes pour le compte de la même année 2024. A travers notamment l’augmentation des superficies de ses plantations (portées à 19 200 hectares), l’amélioration des traitements des parcelles, la rénovation du parc matériel et le renforcement de la coupe mécanique visant à améliorer les volumes des cannes transportés et faciliter le broyage, de même que la mise à niveau des usines pour une forte réduction des pertes et une remontée des performances de production de sucre par jour.
Or tout au long de l’année 2024, le pays a été confronté à de longs épisodes de pénurie de sucre dans les marchés. Un phénomène qui a conduit à une flambée des prix. Le kilogramme, vendu à 850 FCFA en janvier, a grimpé à environ 1 000 FCFA trois mois plus tard. Interrogé sur cette situation, Jean-François Ntsama-Etoundi, président de l’Union des Producteurs, Raffineurs et Agglomérés de Sucre du Cameroun, avait affirmé que la crise résultait avant tout de dysfonctionnements dans la distribution, plutôt que d’un véritable déficit de production.