Les industriels camerounais ont connu une hausse de 13,3 % des coûts de production en 2022, selon l’indice des prix à la production industrielle (IPPI) de l’Institut national de la statistique (INS).
Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 2017, date à laquelle l’IPPI a été introduit pour la première fois. Malheureusement, cette flambée des coûts opérationnels pour les entreprises risque de rester élevée en raison des décisions prises par les acteurs publics et privés. Cela continuera à faire grimper les niveaux d’inflation sur les marchés.
Selon les professionnels du secteur, l’année 2023 sera marquée par une hausse des coûts de production des entreprises, non pas en raison des conséquences de la crise russo-ukrainienne qui a maintenu l’état négatif des coûts des entreprises en 2022, mais plutôt en raison de plusieurs décisions prises par le gouvernement et d’autres entités économiques.
Parmi ces décisions qui ont eu un impact sur la structure des coûts des entreprises depuis le début de l’année 2023, il y a l’augmentation des factures d’électricité.
Comme l’indiquent les données recueillies par Ecomatin auprès des sources du ministère de l’Eau et de l’Énergie, cette hausse des tarifs de l’électricité a entraîné des dépenses supplémentaires de l’ordre de 1,5 milliard de francs CFA en l’espace de trois mois pour les industriels travaillant dans la sidérurgie, qui comptent parmi les plus gros consommateurs d’énergie au Cameroun.
Par ailleurs, depuis le 1er février 2023, les prix des carburants dans les stations-service ont été revus à la hausse par le gouvernement camerounais.
Le gouvernement a relevé le Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) de 36 270 francs CFA à 40 000 francs CFA pour les entreprises du secteur agricole et à 60 000 francs CFA pour les autres catégories d’entreprises, ce qui a un impact significatif sur les dépenses des entreprises.
De plus, dans le cadre de la loi de finances 2023 entrée en vigueur cette année, ils ont étendu la Taxe spéciale sur les produits pétroliers (Tspp) au gaz naturel.
Ainsi, les entreprises industrielles qui le consomment doivent payer une taxe de 70 FCFA par mètre cube à Gaz du Cameroun qui exploite les champs gaziers de Logbaba à Douala. C’est aussi un revers pour les coûts de production car les prix des carburants comme le super à 15 %, le gasoil à 25 % ont été augmentés.
La récente décision de l’État d’augmenter les prix de l’électricité et de taxer le gaz industriel dans la loi de finances 2023 a eu des répercussions sur Gaz du Cameroun, filiale du groupe britannique Victoria Oil & Gas (VOG).
L’entreprise vient d’envoyer une lettre à ses clients annonçant une augmentation de 20 % de ses tarifs à partir du 1er juin 2023.
Cette hausse est due à l’augmentation des coûts de production qui leur a été imposée. Cet approvisionnement énergétique est utilisé depuis une décennie par 30 entreprises industrielles comme source d’énergie alternative en cas de mesures de délestage d’Eneo, et la nouvelle taxe devrait contribuer aux coûts de production de ces entreprises à l’avenir.
En 2022, Gaz du Cameroun a augmenté le tarif du gaz naturel de 29 %, ce qui entraînera une hausse des coûts de production pour de nombreuses industries au cours des six derniers mois de 2023.
Il s’agit notamment de Dangote Cement, Boissons du Cameroun, Union Camerounaise des Brasseries, Camlait producteur de lait, Prometal sidérurgiste, Chococam, Sic Cacaos, Cotonnière Industrielle du Cameroun et Socaver entre autres.
Cette augmentation des dépenses est susceptible de contribuer à l’inflation sur le marché camerounais malgré les efforts du gouvernement pour la combattre.
Le Fonds monétaire international prévoit que le taux d’inflation atteindra 5,9 % l’année prochaine, soit deux fois plus que la limite de 3 % imposée par la CEMAC (l’union monétaire formée par le Congo, le Gabon, le Tchad et autres).