D’après Martin Paul Mindjos Momeny, le président de la Chambre d’agriculture, des pêches et de l’Elevage et des forêts du (Capef) Cameroun, ce projet a été clos en 2019 raison pour laquelle le pays opte de plus en plus pour d’autres alternatives. Pourtant, l’initiative devrait servir de relais à la Banque agricole attendue depuis 2011.
Sans nouvelle depuis au moins 5 ans, l’on en sait un peu plus sur le projet de création d’un établissement de microfinance(EMF) agricole initié en octobre 2015 par Janvier Mongui Sossomba ; celui qui était jusqu’à son décès en mai 2018, le président de la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (Capef) du Cameroun. Il s’agit d’un projet pour lequel plus 7 000 souscripteurs ont favorablement répondu en 2016, avec une « intention » de collecte de 2 milliards de Fcfa.
En effet, dans un entretien accordé à nos confrères de la télévision nationale le 12 novembre 2023, l’actuel président de la Capef, Martin Paul Mindjos Momeny en poste depuis février 2021, confirme la mort du projet en 2019 pour n’avoir pas reçu d’agrément de la Commission bancaire d’Afrique centrale(Cobac).
Lire aussi : Cameroun-Chine : une convention fiscale pour booster les investissements
« La Chambre avait pris cette initiative effectivement en 2015. Mais voyez-vous, la création d’une institution bancaire, qu’elle soit une microfinance ou pas, doit répondre à un certain nombre de critères. Et nous avons saisi en son temps, le ministre des Finances pour lui proposer notre projet mais nous n’avons pas été admis conformément aux critères de la Cobac ; on n’a pas reçu d’agrément. Ce que nous avons fait, comme c’étaient les membres de la Chambre qui contribuaient pour la formation du capital, nous avons procédé au remboursement et ce projet a été clos en 2019(date pourtant prévue pour la tenue de la première Assemblée générale», a-t-il reconnu.
Dès lors, il n’y a donc plus d’espoir à fonder sur ce projet qui, pourtant, était censé réduire difficultés d’accès aux financements des agriculteurs, éleveurs et autres petits exploitants forestiers et servir de relais pour la Banque agricole toujours attendue depuis 2011(12 ans).
Martin Paul Mindjos Momeny ne lève pas un voile sur les critères de la Capef qui n’auraient pas convaincu la Cobac à lui délivrer l’agrément mais l’on se souvient que dans une interview accordée au journal EcoMatin en novembre 2018, Elissar Mbang Ekoutou ; alors vice président de la Capef, faisait savoir qu’après avoir bravé toutes les phases du projet, « il était maintenant question de convoquer une Assemblée générale constitutive de cet établissement pour pouvoir rentrer dans le cadre réglementaire fixé par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Mais, pour être convoquée, cette Assemblée générale nécessitait préalablement un certain nombre d’éléments : le business plan, la définition des lieux où allaient être ouvertes les premières agences, etc. »
Notons aussi que la Chambre d’agriculture devait être actionnaire de l’EMF avec une part sociale de 200 millions Fcfa. Toutefois, à en croire Elissar Mbang Ekoutou, l’initiative a également été freinée par la maladie puis le décès de Janvier Mongui Sossomba.
Aussi, « les planteurs étant dans des zones très reculées, n’ayant pas proche d’eux un établissement financier, on s’est retrouvé dans une difficulté de recueillir les parts sociales. Par exemple, si un souscripteur qui vit à Yokadouma à l’Est a souscrit pour une action qui coûte 10.000 Fcfa ou pour deux actions, SCB n’ayant pas d’agence dans cette localité, il lui fallait se rendre à Bertoua pour pouvoir verser cet argent. Les frais de déplacement étant au-dessus de la part sociale qu’il a souscrite ».
Du côté des pouvoirs publics, « je voudrais aussi relever que le gouvernement ne nous a pas beaucoup soutenus dans ce projet, tout simplement parce que lui, il était plus intéressé par le projet de création de la banque agricole », déplorait la vice-présidente de la Capef.
Lire aussi : Comparoshop : une solution pour automatiser le e-commerce
Les alternatives
Du reste, en l’absence de la matérialisation de ces deux projets bancaires, la Capef se contente d’autres modèles de financement dont l’efficacité reste davantage à prouver. Il s’agit notamment d’aller vers des institutions bancaires ayant des guichets dédiés au financement de l’agriculture.
C’est le cas de la convention signée le 17 octobre dernier avec La Régionale Bank, devant permettre aux adhérents de la Capef de bénéficier des offres de financement agricole proposées par la banque. Outre l’accord avec le Feicom pour lui apporter les solutions d’infrastructures, la Chambre compte également sur le financement des partenaires étrangers (Hollande, etc.).
En novembre 2022, la Capef annonçait les comités d’intermédiaires financiers ; un dispositif de financement agricole inspiré de l’Inde de l’Indonésie basé sur les micro-épargnes et les microcrédits avec pour objectifs d’assurer la fluidité des devises grâce aux faibles taux d’intérêt pratiqués.
Une autre alternative a été la création en mars 2023 par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, du Fonds de facilitation de l’offre de crédit pour le développement des chaînes de valeurs agricoles, d’élevage et de la pisciculture (2FC-Cvaep).
Le résultat attendu de toutes ces initiatives est de booster la productivité nationale afin de réduire les importations qui font dépenser beaucoup d’argent à l’Etat chaque année.
Par Ecomatin